Un chemin de coquelicots
Balade poétique à Motz Savoie
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La nature appartient à celui qui l’écoute, sa sagesse aveugle les ignorants…
Dans la douceur d’une fin de journée estivale, partir à l’assaut d’un chemin forestier qui serpente entre des pierres moussues.
Oublier l’agitation du quotidien pour une vagabonde exaltation…
Pas après pas, me laisser porter par cette nonchalance végétale…
Alors que les flèches lumineuses du soleil font valser leur théâtre d’ombres chinoises sur les écorces grises, franchir le fantasmagorique dôme de feuillage.
Le martèlement du pivert retentit tel un écho harmonieux, flattant mon oreille en quête de silence solitaire.
Sous l’air qui soudainement fraichit, fouler le sanctuaire secret des fougères, caresser d’une main aventureuse leurs délicates ciselures.
Descendre sous la futaie d’ormes aux fûts élancés, qui à cette heure tardive n’aspire qu’à embrasser les étoiles.
M’assoir dans cet écrin de velours vert pour contempler le Rhône noyé dans l’alchimie des couleurs du soleil couchant.
« Vagabondage végétal » MOINE Corinne
Rédaction/Photos/Moine Corinne
Chemin sous la futaie -Entremont Clarafond-Arcine –
Sente moussue -Sentier du Vuache-
Verte guirlande -Entremont Clarafond-Arcine-
Géant au bois dormant -Entremont Clarafond-Arcine-
Bouquet de feuillages -Entremont Clarafond-Arcine-
L’œil de la nature ! -Sentier du Vuache-
Tourbillon végétal -Sentier du Vuache-
Le terme « bain de forêt » a été inventé en 1982 par le commissaire de l’Agence forestière japonaise, Tomohide Akiyama.
Le shinrin-yoku 森林浴 est un concept japonais qui repose sur l’idée qu’une immersion sous la canopée aurait un effet bénéfique sur le bien-être.
Dans une société en perpétuelle effervescence où le stress quotidien influe sur notre santé, le bain de forêt apparaît comme une idée à pratiquer sans modération !
L’aboutissement des recherches scientifiques du professeur Yoshifumi Miyazaki* s’est concrétisé par l’écriture d’un très bel ouvrage.
Vous le trouverez sur le site de la Fnac : ici
En France nous parlons de syvothérapie, voir le livre d‘Alix Cosquer intitulé « La syvothérapie« : ici
*Professeur au Centre des sciences de l’environnement, de la santé et de la Terre de l’Université de Chiba (40 km de Tokyo).
Paru en 2015 sous le titre « Das geheime Leben der Bäume » puis traduit en français, cet ouvrage rédigé par Peter Wohlleben est un véritable plaidoyer du monde sylvestre.
L’auteur démontre avec la rigueur scientifique de son métier de forestier que les arbres communiquent entre eux.
Je vous invite à visualiser ce magnifique reportage afin de découvrir le monde secret des arbres.
« La vie secrète des arbres » Peter Wohlleben : ici
Entremont est situé au bord du Rhône en contrebas du Vuache -Haute-Savoie-
Entremont Géolocalisation Google
* Les photos estampillées LS&L et les textes sont soumis à des droits d’auteur.
*Les textes sont l’entière propriété intellectuelle de la rédactrice.
Je ne sais par quelle étrangeté du destin, ce bout de chemin habillé de graminées et de plantains, me ramena avec effervescence au temps chéri de mon enfance…
Une ferme aux tonalités crayeuses, recluse sur fond d’aquarelle champêtre, me donna l’illusion de revenir à la maison !
Qui n’a pas éprouvé cette intrigante sensation de déjà vu, alors qu’un lieu vous était jusqu’alors totalement inconnu !
Oserai-je vous dévoiler, que bizarrement happée par mes pensées sous l’attraction de la merveilleuse atmosphère, je pressentis une ombre éthérée agiter des grappes de Cœurs de Marie...
« Qui venait donc interrompre la course vertigineuse de mon esprit ? »
Je compris que Lydie la grand-mère aux joues couleur de rose trémière, voulut me dévoiler les amers secrets de son existence…
« Histoire de vie peu ordinaire » MOINE Corinne
Rédaction/Photos/Moine Corinne
Cliquez pour situer le lieu dit « Chemin de la fin »
Lydie naquit à Bange* en 1908…
Derrière ses joues pommelées de rose se dessinait déjà l’énergie d’un caractère…
Pas le temps de s’attarder sur ce fruit du hasard, bien vite d’autres naissances viendront rythmer la grâce miséricordieuse des saisons.
Autrefois ne comptaient que travail et respect des traditions, Lydie fut dès l’enfance aguerrie aux rudiments des champs, ainsi cultiva-t-elle année après année ce vivace attachement à la terre.
Vingt ans ! Premier serment d’amour, l’été des moissons accompagna de ses gerbes blondes un bruyant cortège de chariots fleuris…
Lydie épousa Marius.
Par six fois le ventre de Lydie s’arrondit, curieusement plus il y a d’enfants plus les jours s’accélèrent !
En 1952 regrettable coup du sort, Marius se noya dans la fosse à purin…
On lui fit un bel enterrement, les uns fustigèrent le destin, les autres calomnièrent le Bon Dieu !
Une vie de labeur, résumée à un cercueil et quelques condoléances embarrassées.
La ferme de Lydie et Marius nécessita qu’ils vivent à crédit, une dette d’honneur** courait encore, le créancier exigea son argent…
Lydie entérina l’affaire en cédant à contrecœur son héritage, des noyers centenaires jadis plantés par ses aïeux.
Durant l’hiver qui suivit cette triste affaire, un froid polaire balaya le hameau de Clarafond-Arcine, tant et si bien que les noyers convoités par le vorace créancier, gelèrent sur pied…
Coïncidence ou protection d’un ange, vous choisirez la tournure qui vous arrange…
« Histoire de vie peu ordinaire » MOINE Corinne
Je soupçonne déjà votre interrogation ?
« Lydie a-t-elle vraiment existé » ?
Et bien oui, tout est vrai dans cette histoire peu ordinaire !
Lydie Bernard était la grand-mère de mon mari, elle s’est éteinte en 1984 à l’aube de ses 76 ans…
Lydie et Marius
Au dit « Chemin de la Fin », vous apercevrez la ferme de Lydie et Marius, plantée dans son décor champêtre.
Lydie et Marius reposent désormais dans le cimetière de Clarafond-Arcine.
Photo de mariage Lydie et Marius réalisée devant la ferme familiale à Bange, bien qu’à l’abandon cette bâtisse existe toujours…
Cliquez la photo pour l’agrandir
*Bange est situé au bord du Rhône/commune de Clarafond-Arcine
*Les textes sont l’entière propriété intellectuelle de la rédactrice.
* Les photos estampillées LS&L et les textes sont soumis à des droits d’auteur.
Au pied du Vuache, l’illustre hameau de Chaumont veille sur ses légendes… (Haute-Savoie)
Caressée par la frêle lumière du jour, Sainte-Agathe sème aux vents turbulents ses heures d’un autre temps…
Adossée à son illustre mont, comme perchée sur le toit de son monde, l’église au clocher lustré d’écailles bourdonne entre ciel et champs !
De la noirceur de ses hivers aux ritournelles fanées de ses étés passés ; Chaumont veille jalousement sur son fouillis de vieux contes qui pourraient bien « soit dit en passant », vous ensorceler l’esprit !
Car sous les flancs rocailleux du Vuache, vagabondent de funestes histoires englouties par le loup sorcier des légendes….
De l’embrasure des volets mi-clos, filtrent la senteur âcre du buis béni accroché aux crucifix des chambres et la mémoire émue des vieillards, qui n’avaient nul autre désir que de voir reverdir chaque printemps, le parasol feuillu des tilleuls.
« Il n’est pas de plus tragiques poésies que les souvenirs qu’on oublie… »
Dieu qu’il s’en souvient l’auguste village, des divins matins de communions quand les enfants portaient les fleurs en couronne, tels de candides chérubins.
Comment aurait-il oublié les croix enrubannées des rogations et les amoureux des cortèges, chapeautés par le ballet étrange « des grenouilles de bénitier en habits du dimanche.
Noyée sous sa lucarne de verdure, la Vierge veille sur ses enfants chéris, disparus pour l’éternité sous les lumières lascives des tonnelles empourprées de glycines, là où embaumait jadis le chapelet miraculeux des roses.
« Merci Marie de veiller sur la beauté simple des choses… »
Flânent au-dessus de la croix à jamais suspendues dans les airs, la grisante farandole de l’hirondelle voyageuse, dont le nid chevauchait les poutres bancales des granges et la prière de l’aïeul qui remerciait le ciel d’avoir offert le blé* à ses terres hostiles.
« Que Dieu tout-puissant bénisse mes champs et les petits oiseaux… »
Coiffée des rayons d’or d’un soleil triomphant, la forteresse ruinée sublime le mont « chauve » aux contreforts verdoyants..
Et qu’importe si l’histoire raisonne comme une fin amère, qu’importe si les gloires d’autrefois ne sont aujourd’hui, que pierres gisantes et bouquets d’ombellifères…
Ici le vieux monde susurre à l’oreille de qui veut bien l’entendre, les soupirs énamourés des seigneurs et des bergères !
« Poésie du vieux monde » MOINE Corinne
Rédaction/Photos/Moine Corinne
*Chaumont fut autrefois le grenier à blés du Bugey, ses riches entrepôts alimentaient les marchés de Rumilly, d’Annecy et de Genève.
Loin des bruits du monde, le silence me parle sans un mot.
*Sur votre gauche en montant le chemin jusqu’aux ruines
Couleurs étranges exprimant des histoires du passé.
Sainte-Agathe s’enrubanne d’un nuage d’argent.
Quiétude automnale sur des ruines jadis glorieuses.
Le hameau de Chaumont localisé en Haute-Savoie, tire son nom du latin « calvus mons » signifiant « mont chauve ». Ce nom évoque le mont (promontoire rocheux) sur lequel fut édifié en l’an 1124 son château fortifié, construit à l’initiative des Comtes de Genève.La restauration des vestiges du château a été réalisée par l’association : Ké Viva Chaumont.
Solennité austère d’une ruine jadis forteresse glorieuse.
Historiquement, les loups furent de réels prédateurs attaquant le bétail domestique, dans de plus rares cas, les humains.
Depuis le Moyen Âge, pléthore de récits effrayants* contribuèrent à enraciner une peur ancestrale du loup dans notre patrimoine culturel.
De 1748 à 1751, Chaumont connut une série d’attaques sanglantes, les enfants affairés aux corvées agricoles, comptèrent au rang des premières victimes.
Certes, on pointa du doigt le manque de vigilance, mais qu’aurait-on bien pu faire ; les enfants constituant une grande partie de la main-d’œuvre familiale !
Un feuilleton macabre qui dépassa largement le cadre du fait divers, ébranlant la communauté paysanne issue de la paisible bourgade de Chaumont.
Dés lors et au vu de la terrible hécatombe, le gouverneur sarde Gabriel Alexis, rédigea courant 1751, un manifeste incitant à tuer le malfaisant canidé.
À l’issue de cette battue menée à grand renfort de chasseurs subventionnés par une prime, le loup fléau du Vuache, fut éradiqué.
Gravure de François Grenier de Saint-Martin,
Journal des chasseurs, octobre 1839
*L’histoire de la Bête du Gévaudan restera sans nul doute la plus terrible !
*Source d’inspiration « Contes et légendes au Pays du Vuache » Dominique Ernst
La croyance au loup-garou remonte à l’Antiquité…
Les légendes et les folklores issus de la civilisation européenne, définissent le loup-garou ou lycanthrope*, comme un humain capable de se transformer en loup, les nuits de pleine lune.
Selon certains récits populaires, les loups-garous furent souvent décrits comme des créatures démoniaques dotées de forces surhumaines.
Leur transformation pouvant être causée par :
–un acte de sorcellerie engendrant une transformation maîtrisée
–une malédiction engendrant une transformation involontaire
Le loup-garou, Lucas Cranach l’Ancien-1512-
En l’an 1811, on conférait encore, aux feux de la St Jean, la capacité de détruire les loups-garous**.
J’attire votre attention sur le fait qu’une peur ancestrale du loup hantait les esprits depuis des lustres, tant et si bien que les populations rurales, croyaient fortement à l’existence de ces créatures diaboliques !
Dans son ouvrage « Contes et légendes au Pays du Vuache », Dominique Ernst retrace des anecdotes fort étranges dont Chaumont fut autrefois le théâtre.
« Des sorciers accoutrés d’une peau d’ours ensorcelée (et non de loup) se métamorphosaient en loups-garous ».
Affublés de ces accoutrements maléfiques, les loups sorciers n’avaient nuls autres desseins que de terroriser la population.
« Peste soit les loups sorciers !!!«
Loin de moi l’idée de vouloir galvauder la légende, mais de fieffés paysans n’eurent-ils pas usé d’une telle diablerie*** pour éloigner les intrus de leurs terres !
Je vous laisse à votre réflexion…
*La lycanthropie est aujourd’hui scientifiquement reconnue comme symptôme d’une maladie mentale dans laquelle la personne se croit changée en loup !
**Source « Diableries et sorcellerie en Savoie » Michèle Brocard-Plaut).
***Dans le christianisme, le loup fut souvent interprété comme une incarnation du diable.
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*Les textes sont l’entière propriété intellectuelle de la rédactrice.
* Les photos estampillées LS&L et les textes sont soumis à des droits d’auteur.
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