Silence, bain de forêt !
Les arbres ont beaucoup de choses à nous dire, à nous de les écouter...
lire la suite de l'articleAu pied du Vuache, l’illustre hameau de Chaumont veille sur ses légendes… (Haute-Savoie)
Caressée par la frêle lumière du jour, Sainte-Agathe sème aux vents turbulents ses heures d’un autre temps…
Adossée à son illustre mont, comme perchée sur le toit de son monde, l’église au clocher lustré d’écailles bourdonne entre ciel et champs !
De la noirceur de ses hivers aux ritournelles fanées de ses étés passés ; Chaumont veille jalousement sur son fouillis de vieux contes qui pourraient bien « soit dit en passant », vous ensorceler l’esprit !
Car sous les flancs rocailleux du Vuache, vagabondent de funestes histoires englouties par le loup sorcier des légendes….
De l’embrasure des volets mi-clos, filtrent la senteur âcre du buis béni accroché aux crucifix des chambres et la mémoire émue des vieillards, qui n’avaient nul autre désir que de voir reverdir chaque printemps, le parasol feuillu des tilleuls.
« Il n’est pas de plus tragiques poésies que les souvenirs qu’on oublie… »
Dieu qu’il s’en souvient l’auguste village, des divins matins de communions quand les enfants portaient les fleurs en couronne, tels de candides chérubins.
Comment aurait-il oublié les croix enrubannées des rogations et les amoureux des cortèges, chapeautés par le ballet étrange « des grenouilles de bénitier en habits du dimanche.
Noyée sous sa lucarne de verdure, la Vierge veille sur ses enfants chéris, disparus pour l’éternité sous les lumières lascives des tonnelles empourprées de glycines, là où embaumait jadis le chapelet miraculeux des roses.
« Merci Marie de veiller sur la beauté simple des choses… »
Flânent au-dessus de la croix à jamais suspendues dans les airs, la grisante farandole de l’hirondelle voyageuse, dont le nid chevauchait les poutres bancales des granges et la prière de l’aïeul qui remerciait le ciel d’avoir offert le blé* à ses terres hostiles.
« Que Dieu tout-puissant bénisse mes champs et les petits oiseaux… »
Coiffée des rayons d’or d’un soleil triomphant, la forteresse ruinée sublime le mont « chauve » aux contreforts verdoyants..
Et qu’importe si l’histoire raisonne comme une fin amère, qu’importe si les gloires d’autrefois ne sont aujourd’hui, que pierres gisantes et bouquets d’ombellifères…
Ici le vieux monde susurre à l’oreille de qui veut bien l’entendre, les soupirs énamourés des seigneurs et des bergères !
« Poésie du vieux monde » MOINE Corinne
Rédaction/Photos/Moine Corinne
*Chaumont fut autrefois le grenier à blés du Bugey, ses riches entrepôts alimentaient les marchés de Rumilly, d’Annecy et de Genève.
Loin des bruits du monde, le silence me parle sans un mot.
*Sur votre gauche en montant le chemin jusqu’aux ruines
Couleurs étranges exprimant des histoires du passé.
Sainte-Agathe s’enrubanne d’un nuage d’argent.
Quiétude automnale sur des ruines jadis glorieuses.
Le hameau de Chaumont localisé en Haute-Savoie, tire son nom du latin « calvus mons » signifiant « mont chauve ». Ce nom évoque le mont (promontoire rocheux) sur lequel fut édifié en l’an 1124 son château fortifié, construit à l’initiative des Comtes de Genève.La restauration des vestiges du château a été réalisée par l’association : Ké Viva Chaumont.
Solennité austère d’une ruine jadis forteresse glorieuse.
Historiquement, les loups furent de réels prédateurs attaquant le bétail domestique, dans de plus rares cas, les humains.
Depuis le Moyen Âge, pléthore de récits effrayants* contribuèrent à enraciner une peur ancestrale du loup dans notre patrimoine culturel.
De 1748 à 1751, Chaumont connut une série d’attaques sanglantes, les enfants affairés aux corvées agricoles, comptèrent au rang des premières victimes.
Certes, on pointa du doigt le manque de vigilance, mais qu’aurait-on bien pu faire ; les enfants constituant une grande partie de la main-d’œuvre familiale !
Un feuilleton macabre qui dépassa largement le cadre du fait divers, ébranlant la communauté paysanne issue de la paisible bourgade de Chaumont.
Dés lors et au vu de la terrible hécatombe, le gouverneur sarde Gabriel Alexis, rédigea courant 1751, un manifeste incitant à tuer le malfaisant canidé.
À l’issue de cette battue menée à grand renfort de chasseurs subventionnés par une prime, le loup fléau du Vuache, fut éradiqué.
Gravure de François Grenier de Saint-Martin,
Journal des chasseurs, octobre 1839
*L’histoire de la Bête du Gévaudan restera sans nul doute la plus terrible !
*Source d’inspiration « Contes et légendes au Pays du Vuache » Dominique Ernst
La croyance au loup-garou remonte à l’Antiquité…
Les légendes et les folklores issus de la civilisation européenne, définissent le loup-garou ou lycanthrope*, comme un humain capable de se transformer en loup, les nuits de pleine lune.
Selon certains récits populaires, les loups-garous furent souvent décrits comme des créatures démoniaques dotées de forces surhumaines.
Leur transformation pouvant être causée par :
–un acte de sorcellerie engendrant une transformation maîtrisée
–une malédiction engendrant une transformation involontaire
Le loup-garou, Lucas Cranach l’Ancien-1512-
En l’an 1811, on conférait encore, aux feux de la St Jean, la capacité de détruire les loups-garous**.
J’attire votre attention sur le fait qu’une peur ancestrale du loup hantait les esprits depuis des lustres, tant et si bien que les populations rurales, croyaient fortement à l’existence de ces créatures diaboliques !
Dans son ouvrage « Contes et légendes au Pays du Vuache », Dominique Ernst retrace des anecdotes fort étranges dont Chaumont fut autrefois le théâtre.
« Des sorciers accoutrés d’une peau d’ours ensorcelée (et non de loup) se métamorphosaient en loups-garous ».
Affublés de ces accoutrements maléfiques, les loups sorciers n’avaient nuls autres desseins que de terroriser la population.
« Peste soit les loups sorciers !!!«
Loin de moi l’idée de vouloir galvauder la légende, mais de fieffés paysans n’eurent-ils pas usé d’une telle diablerie*** pour éloigner les intrus de leurs terres !
Je vous laisse à votre réflexion…
*La lycanthropie est aujourd’hui scientifiquement reconnue comme symptôme d’une maladie mentale dans laquelle la personne se croit changée en loup !
**Source « Diableries et sorcellerie en Savoie » Michèle Brocard-Plaut).
***Dans le christianisme, le loup fut souvent interprété comme une incarnation du diable.
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