Un chemin de coquelicots
Balade poétique à Motz Savoie
lire la suite de l'article« J’aime à croire qu’en ce lieu voué au silence, s’invite dans le dédale des ombres d’une nuit d’été, la mystérieuse lumière de Saint Bernard. »
« En l’an 1125, Saint Bernard qui traversait les Alpes pour rencontrer les disciples de Saint Bruno ; communauté monastique de la Grande-Chartreuse, projeta une halte chez ses frères d’Hautecombe.
Alors que le silence de la nuit figeait Cessens dans l’ombre, il eut la vision d’une lumière s’élevant de l’antique prieuré jusqu’aux roches de Charaïa** situées sur la rive opposée du lac du Bourget.
Sous la houlette de leur abbé Vivien, les moines s’installèrent à l’endroit désigné par la vision de Saint Bernard. »
Ainsi fut scellé le destin de l’Abbaye d’Hautecombe, teinté de prospérité et de décadence…
Rédaction/Photos/MOINE Corinne
*L’Abbaye d’Hautecombe est localisée sur la commune de Saint-Pierre-de-Curtille (Savoie)
**Charaïa était un petit village
L’Abbaye d’Hautecombe émana de la rencontre d’une petite communauté de moines désireux de se retirer du monde et d’un homme mystique, promoteur de l’ordre Cistercien : Bernard de Clairvaux (1090/1153).
Comme le souligne l’historien Blanchard Claudius (1836/1900) dans ses écrits de 1874, l’autre rive du lac du Bourget, abritait jadis le prieuré originel d’Hautecombe.
« Sur les flancs escarpés du massif de la Chambotte* dans une haute combe, quelques hommes dévoués à la cause de Dieu s’établirent dès l’an 1101… »
Sans nul doute, la garnison installée dans la forteresse médiévale** avoisinant le monastère de Cessens***, persuada Saint Bernard de choisir un lieu plus propice au silence !
Les moines s’établirent sur l’autre rive du lac, toutefois ils conservèrent l’appellation d’Hautecombe.
Les Princes de Savoie apportèrent prospérité et renommée à l’Abbaye d’Hautecombe ; notons au passage que « la bonne fortune » connait souvent des revers pernicieux !
Placée sous le régime de la commende, l’abbaye « florissante » attisa la convoitise de personnages puissants, plus enclins à disposer de ses revenus qu’à s’enquérir des travaux nécessaires, en définitive église et bâtiments tombèrent en ruine !
La tourmente révolutionnaire asséna le coup de grâce fatal à l’Abbaye d’hautecombe…
*Lieu-dit plateau de Paquinôt
**Château de Cessens-Vieux ou tour de César
***Les moines bénédictins de l’Abbaye de Cessens furent probablement originaires de l’Abbaye d’Aulps en Chablais.
Des documents historiques attestent que le transfert des moines de l’Abbaye d’Hautecombe fut effectif en l’an 1139 et non en 1125.
Localisation du site originel d’Hautecombe : ici
Localisation des ruines du château de Cessens : ici
Les moines de l’Abbaye d’Hautecombe ne purent assurer leur subsistance en ne cultivant que l’étroite terre où ils se trouvaient.
Il fut donc nécessaire de construire cette grange au bord de l’eau afin de réceptionner et conserver les victuailles.
Les barques entraient dans le bassin communiquant avec le lac du Bourget par la grande arcade, on déchargeait grains et fourrage provenant des terres cultivées sur l’autre rive.
Une partie des provisions était stockée dans un grenier occupant l’étage supérieur de la grange batelière.
Aujourd’hui encore nous pouvons admirer cette bâtisse massive, dépourvue d’artifices, en tout point fidèle à l’architecture Cistercienne.
En 1860, suite au traité de Turin, Napoléon III commanda un luxueux prospectus destiné à la bourgeoisie française, présentant les départements nouvellement annexés à la France : Nice et Savoie*. Y figurèrent des lithographies de l’Abbaye d’Hautecombe, réalisées par l’artiste Félix Charles.
*Le titre complet/ Nice et Savoie : sites pittoresques, monuments, description et histoire des départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et des Alpes-Maritimes (ancienne province de Nice), réunis à la France en .
*Édité en 1864, puis réédité plusieurs fois depuis cette date.
Source : qallica.bnf.fr/Bibliothèque municipale de Grenoble
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1095410z/f69.item
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Difficile d’imaginer que l’Abbaye d’Hautecombe* fut jadis une citadelle déchue, dépouillée de ses splendeurs sous la Révolution.
Les quelques moines restés sur place sauvèrent ce qui put l’être avant leur départ forcé, impuissants, ils assistèrent au pillage de leur monastère.
Les terres d’Hautecombe et édifices attenants furent vendus en 1796 à plusieurs acquéreurs.
De 1799 à 1804, les nouveaux propriétaires installèrent une faïencerie dans les vastes bâtiments, le four prit place sous la coupole de l’église !
Hautecombe sombra peu à peu dans l’oubli, noyée sous un dédale de végétation, ses tombeaux profanés et pillés ouverts aux quatre vents…
En 1816, le romancier Alphonse de Lamartine* trouva l’inspiration dans ce décor jonché de lierres, de colonnes et de gisants.
Lors d’un périple à Aix-les-Bains, Charles-Félix de Savoie (1765/1831) aperçut Hautecombe depuis la rive opposée du lac du Bourget.
Il s’émut à la vue de cette ruine ; nécropole de ses ancêtres, émergeant fièrement de la végétation.
Faut-il imaginer qu’en ce jour de juillet 1824, une ondée de lumière éclaira miraculeusement le lieu ?
Toujours est-il que Charles-Félix écrira : « avoir été choisi par la divine providence pour relever les ruines de l’église d‘Hautecombe« .
Saint Bernard aurait-il veillé à ne point faire mentir la légende ?
Je vous laisse à votre réflexion !
*Octobre 1816, Alphonse de Lamartine qui traversait le lac du Bourget pour se rendre à Hautecombe, sauva Julie Charles de la noyade.
Une grotte localisée à Bourdeau/grotte Lamartine (73370) abrita leur amour clandestin.
Localisation de la Grotte de Lamartine : ici
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