Un chemin de coquelicots
Balade poétique à Motz Savoie
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Une histoire troublante repose à jamais dans les ruines du vieux château…
Enchâssé dans son vallon luxuriant, le hameau de Dorches* caracole sur le fil du temps avec cette poésie touchante qui vous transporte vers les allées ombragées d’autrefois.
L’illustre village coule des jours heureux et n’a que faire de la modernité; mais quel est donc son secret ?
Point de mystère, mais une fée bienveillante : « La Dorchérane* » qui réhabilite son patrimoine avec les matériaux locaux d’époque.
Le joli hameau nous murmure des bribes d’histoires oubliées et sème la zizanie dans notre esprit avec ses amours délicieusement fanés.
Tel un magicien facétieux, il nous éparpille entre passé et présent; imperceptiblement son charme opère…
Ici flânent des souvenirs au goût d’enfance mêlés de contes fantastiques, d’école buissonnière et de roses trémières.
Derrière la roue à auges du moulin, la rivière jubile et les arbres empanachés de mousse toisent les promeneurs incrédules !
N’y aurait-il pas comme un sort étrange qui dormirait sous les pierres ?
On raconte que dans les sous-bois quelques ombres jadis égarées tracent des méandres aventureux, ponctués de chants d’oiseaux et de légendes.
Un château et ses ruines moyenâgeuses surplombent magistralement la cascade de la Dorche.
Lors des nuits de pleine lune, un ténébreux cortège de nuées blanchâtres enlace le vallon, allez savoir pourquoi des roches monumentales s’animent de formes intrigantes !
Surtout ne craignez point de vaciller jusqu’aux dédales légendaires de ce village enchanteur…
Car vous y trouverez la clef d’un indicible sortilège !**
Rédaction/Photos/MOINE Corinne
*Commune de Chanay Ain/Dorchérane*/Association
Tour mystérieuse
Moulin enchanteur (1835)
Hameau champêtre
Messagère exquise
Croix bénie en 1858 par Monseigneur de Langalarie évêque de Belley
Guillaume de Balmey et Marguerite de Dorches scellèrent leur union sur les terres de Dorches au XIIIe siècle…
Vint le temps glorieux des croisades, le pieux chevalier gagna la Terre Sainte, laissant son épouse adorée contrainte aux tourments de la séparation.
Marguerite implora le ciel que son vaillant châtelain lui soit rendu.
Un chevalier jadis éconduit, usa d’un odieux stratagème pour obtenir à nouveau sa main…
« Guillaume de Balmey, son compagnon d’armes aurait rendu son dernier souffle sur les terres d’Orient ».
Devinant la sournoise supercherie de cet homme qui voulut la faire sienne, Marguerite le chassa…
Le traitre rassembla une armée de manants, afin d’assaillir la forteresse de Dorches.
Et bien que le siège s’éternisât, la fidèle châtelaine nourrissait toujours l’espoir du retour de son époux.
Le ciel exauça ses prières, la cavalcade guerrière de Guillaume de Balmey retentit enfin dans sa contrée natale.
Comme au jour de leurs noces, Marguerite revêtit sa robe blanche…
Croyant reconnaitre les pas de son-bien aimé dans l’escalier de la tourelle, elle accourut jusqu’à la porte pour l’enlacer, hélas face à elle bondit le chevalier félon…
Pour ne pas subir le déshonneur, elle saisit son coffret de joyaux, puis se jeta du balcon surplombant la cascade.
Guillaume de Balmey vengea sa jeune épouse en précipitant le traître du haut de la tour.
Fou de chagrin, il fit retraite dans un ancien monastère « La chartreuse d’Arvières » où il y mourut.
Les soirs de pleine lune « aux dires de la légende » on peut apercevoir une forme blanchâtre sur la cascade : la belle châtelaine flotte mystérieusement sur les eaux…
Ses précieux joyaux disparurent pour toujours dans les tréfonds de la Dorche..
Rédaction MOINE Corinne (D’’après la légende contée par Monsieur Garapon Denis)
Delphine Arène* voit le jour à Nantua ( Ain ) le 22 avril 1886. Elle grandira dans l’ambiance de l’imprimerie familiale, aux côtés de son père Julien Arène.
Delphine Arène publiera ses chroniques poétiques dans le journal « L’Abeille du Bugey et du pays de Gex » fondé en 1853 par son grand-père Augustin Arène dit « Auguste ».
Amoureuse de la nature, elle trouvait son inspiration dans le massif du Jura, elle était surnommée : la poétesse du Retord.
Dans le « Bulletin de la Société des naturalistes et des archéologues de l’Ain » de janvier 1932, la chroniqueuse mentionnait la légende de Dorches qu’elle tenait de son grand-père Auguste Arène** et du Comte Emmanuel de Quinsonnas : « Un village de chez nous : Dorches » .
Elle écrivait si justement « Tant pis si les noms et les dates de la légende contredisent ceux des historiens ! » Une citation qui résume l’importance de ce patrimoine, tiraillé entre contes fantastiques et faits historiques.
Elle s’est éteinte le 1er janvier 1975 à Nantua son fief natal…
*Ses racines bugeysiennes remonte au XVe siècle
*Auguste Arène né en 1813 à Bourg-en-Bresse mort en 1893
Félicitations à l’association La Dorchérane pour son laborieux travail de préservation du patrimoine de Dorches. Delphine Arène qui affectionnait la poésie champêtre de l’illustre hameau, souhaitait qu’il soit préservé des outrages de la modernité. Ses écrits de 1932, raisonnent aujourd’hui comme une extraordinaire prémonition !
« ô village adorable qui, mieux que toute littérature, évoquez la douceur de vivre dans nos vieilles provinces reculées ! Je voudrais vous voir entourés de respect et d’affection, je voudrais que vous soient épargnés les coups des vandales, ceux qui font des murs en mâchefer et des toits en tuiles vernies… »
Alors fruit du hasard ou céleste protection de nos légendaires amoureux…
Je vous laisse à votre réflexion !
*La rédaction de cet article a été actualisée le 7 septembre 2020 suite à de nouvelles recherches historiques en lien avec la légende du château de Dorches…
Monsieur Denis Garapon association « La Dorchérane » qui oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine de Dorches
https://www.fermes2retord.com/delphine-arene
Source gallica.bnf.fr*Gallica Delphine Arène « Un village de chez nous : Dorches«
Extrait des écrits du Comte Emmanuel de Quinsonnas avec l’aimable collaboration de : gallica.bnf.fr
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