Mots d’hiver
Entrelacs de givre et de poésie...
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Force est de constater que l’urbanisation grignote peu à peu nos paysages, gommant de nos villages le patrimoine légué par nos aïeux.
Un gâchis irréversible, qui ne laisse rien présager de bon pour l’avenir, compte tenu de l’engouement des promoteurs immobiliers, qui construisent tous azimuts.
Beaucoup d’entre nous sont conscients que la préservation du patrimoine n’est pas qu’un sujet de querelle de clocher, mais qu’il y a bien une nécessité urgente à sauvegarder ce qui peut encore l’être.
N’oublions pas que nos prédécesseurs menèrent des luttes acharnées — par conviction ou par devoir — pour nous laisser témoignage de leur attachement à la terre natale.
Si notre société actuelle continue sur sa lancée, il est à craindre que nous n’ayons bientôt plus rien à transmettre aux générations futures, qu’une page blanche, aseptisée de la mémoire du passé …
Dans nos campagnes, de nombreuses effigies de la Sainte Vierge, veillent sur des lieux autrefois choisis par nos anciens.
Cependant, il faut se replonger dans l’histoire locale pour en percer les mystères.
Comme je le rappelle souvent dans mes articles, une foule de détails attachés à notre patrimoine — qui peuvent sembler anodins au premier regard — ne doivent rien au hasard.
Gardez toujours ce raisonnement à l’esprit !
Après le 8 décembre 1854, jour où fut proclamé comme article de foi le dogme de l’Immaculée Conception, le souverain pontife Pie IX exprima le souhait que toutes les paroisses se placent sous la protection de Marie Immaculée.
Cette proclamation stimula un profond élan de piété mariale, encourageant l’érection de monuments dédiés à la Vierge aux quatre coins du territoire.
Ces initiatives, nourries d’une foi authentique, répondaient aussi à la volonté de réaffirmer la présence de l’Église dans la société et dans la vie spirituelle des fidèles.
Des souscriptions furent organisées dans les paroisses pour financer ces projets à vocation religieuse.
Les travaux étaient réalisés sur la base du volontariat — un partenariat solidaire sans commune mesure avec aujourd’hui.
Comment ne pas être admiratifs devant tant d’exploits architecturaux, accomplis à une époque où les moyens de transport se limitaient bien souvent à de simples charrettes !
Piété oblige, nos chers aïeux espéraient, en retour, quelques gratifications divines !
Aux XIIe et XIIIe siècles, un tournant majeur s’opéra dans l’art chrétien : les couleurs prirent une forte dimension symbolique, notamment dans leur rapport à la lumière.
Si jusqu’alors, l’or évoquait la lumière divine pure, immatérielle et éternelle, le bleu gagna en importance et devint le symbole de la lumière céleste, associée au monde visible.
Dans ce contexte, et avec l’essor du culte marial, l’usage du bleu s’imposa peu à peu dans l’iconographie religieuse.
La haute autorité ecclésiale encouragea que la Sainte Vierge soit vêtue de bleu — robe, cape, ou parfois les deux — une codification visuelle qui s’ancra progressivement dans la tradition picturale religieuse.
📌Au Moyen Âge on plébiscita le lapis-lazuli pour son bleu azur et sa rareté.
Autrefois, le village d’Anglefort* se nommait Enflafol, puis Enclaffort, et ses habitants étaient appelés les Clafordants.
Anglefort s’illustra par son passé médiéval, notamment grâce à son ancien prieuré bénédictin, qui dépendait de l’abbaye d’Ambronay, et appartenait à l’ordre de Saint-Benoît .
Pierre de la Rochette — premier prieur connu du prieuré bénédictin d’Anglefort — fut mentionné dès l’année 1292.
À cette époque, il occupait également la fonction d’infirmier à l’abbaye d’Ambronay.
L’ancienne église du XIIIe siècle, située près du Rhône, fut abandonnée en raison des inondations fréquentes.
À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, Guillaume Drujon se distingua comme une figure religieuse majeure d’Anglefort.
Mentionné comme religieux au prieuré bénédictin d’Anglefort vers 1590, il en devint le prieur en 1620.
L’église paroissiale actuelle, dédiée à saint Martin, fut construite entre 1742 et 1747, puis agrandie en 1832.
Ces informations sont corroborées par les archives historiques locales.
📌Anglefort : Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
📌Prieuré : Communauté religieuse dirigée par un prieur, souvent dépendante d’une abbaye-mère.
La Vierge de Boursin, également connue sous le nom de Vierge du Crêt de Boursin, se dresse au sommet d’une colline dominant le hameau de Boursin, sur la commune d’Anglefort.
Cette statue mariale domine un vaste panorama composé de la montagne du Grand Colombier, des Alpes et du Jura.
En 1856, une souscription paroissiale d’un montant de 2060 francs, permit d’édifier la statue de 2,15 mètres.
Claude de Seyssel-Sothonod (vers 1450–1520), historien, écrit que la Vierge de Boursin aurait probablement été érigée à l’emplacement d’une ancienne chapelle.
Il cite, dans « Le Bugey », un acte notarial datant du 19 mai 1731, passé par M. Goret notaire, faisant mention d’une dotation de M. Michard, bourgeois de Seyssel, en vue de la construction d’une chapelle au Crêt à Boursin.
« La famille Passerat de Silans acquit une propriété à Boursin vers le milieu du XVIIIe siècle. Le second fils, Pierre, épousa Claudine Michard — cette alliance est probablement à l’origine de la dotation de M. Michard, bourgeois de Seyssel, en vue de la construction d’une chapelle au Crêt à (Bossin) Boursin, sous le vocable de la Sainte Vierge.
Claude-Anthelme fut le dernier Passerat de la Chapelle domicilié à Anglefort.
Il est à noter que les noms de famille se rapportaient aux fiefs successivement acquis.
Le mystère est un point d’interrogation perdu dans la mémoire du temps, là où l’Homme puise son imaginaire.
Il n’y a point de sens à s’interroger sur le mystère, sans s’interroger sur soi-même car la vie reste incontestablement le plus grand des mystères…
MOINE Corinne
Belle découverte…
📜 On retrouve mention d’Enflafol “Anglefort” à partir de l’an 1164
Source : Guigue Marie-Claude (1832–1889) – Topographie Historique du Département de l’Ain
📘 Le Bugey – Société scientifique, historique et littéraire
📄 Numéro 19, page 470 (1925),
📄 Numéro 20, page 640 (1926)
📿 Le dogme de l’Immaculée Conception
🕊️ Vatican.va – Constitution Ineffabilis Deus, 1854 (texte officiel) ➡️ [Lien]
🔵Le diktat du bleu (symbolique mariale)
Article de référence historique sur couleurs mariales ➡️ [Lien]
👤 Claude de Seyssel-Sothonod
📖 Historien et auteur d’articles dans Le Bugey
🔗 → Le Bugey – Société scientifique, historique et littéraire
⛪ Pierre de la Rochette, prieur d’Anglefort mentionné en 1292
📖 Archives paroissiales ou extraits des publications “Le Bugey” citées ci-dessus
📖 Guillaume Drujon
🕯️ Figure religieuse active à Anglefort à la fin du XVIe siècle
📚 Mentionné dans les archives historiques locales (à rechercher via AD Ain ou Le Bugey
📍 Anglefort (Ain, Auvergne-Rhône-Alpes) ➡️ [Lien]
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