Les visages de pierre
Sauvons notre patrimoine funéraire rural...
lire la suite de l'articleJe ne sais par quelle étrangeté du destin, ce bout de chemin habillé de graminées et de plantains, me ramena avec effervescence au temps chéri de mon enfance…
Une ferme aux tonalités crayeuses, recluse sur fond d’aquarelle champêtre, me donna l’illusion de revenir à la maison !
Qui n’a pas éprouvé cette intrigante sensation de déjà vu, alors qu’un lieu vous était jusqu’alors totalement inconnu !
Oserai-je vous dévoiler, que bizarrement happée par mes pensées sous l’attraction de la merveilleuse atmosphère, je pressentis une ombre éthérée agiter des grappes de Cœurs de Marie...
« Qui venait donc interrompre la course vertigineuse de mon esprit ? »
Je compris que Lydie la grand-mère aux joues couleur de rose trémière, voulut me dévoiler les amers secrets de son existence…
« Histoire de vie peu ordinaire » MOINE Corinne
Rédaction/Photos/Moine Corinne
Cliquez pour situer le lieu dit « Chemin de la fin »
Lydie naquit à Bange* en 1908…
Derrière ses joues pommelées de rose se dessinait déjà l’énergie d’un caractère…
Pas le temps de s’attarder sur ce fruit du hasard, bien vite d’autres naissances viendront rythmer la grâce miséricordieuse des saisons.
Autrefois ne comptaient que travail et respect des traditions, Lydie fut dès l’enfance aguerrie aux rudiments des champs, ainsi cultiva-t-elle année après année ce vivace attachement à la terre.
Vingt ans ! Premier serment d’amour, l’été des moissons accompagna de ses gerbes blondes un bruyant cortège de chariots fleuris…
Lydie épousa Marius.
Par six fois le ventre de Lydie s’arrondit, curieusement plus il y a d’enfants plus les jours s’accélèrent !
En 1952 regrettable coup du sort, Marius se noya dans la fosse à purin…
On lui fit un bel enterrement, les uns fustigèrent le destin, les autres calomnièrent le Bon Dieu !
Une vie de labeur, résumée à un cercueil et quelques condoléances embarrassées.
La ferme de Lydie et Marius nécessita qu’ils vivent à crédit, une dette d’honneur** courait encore, le créancier exigea son argent…
Lydie entérina l’affaire en cédant à contrecœur son héritage, des noyers centenaires jadis plantés par ses aïeux.
Durant l’hiver qui suivit cette triste affaire, un froid polaire balaya le hameau de Clarafond-Arcine, tant et si bien que les noyers convoités par le vorace créancier, gelèrent sur pied…
Coïncidence ou protection d’un ange, vous choisirez la tournure qui vous arrange…
« Histoire de vie peu ordinaire » MOINE Corinne
Je soupçonne déjà votre interrogation ?
« Lydie a-t-elle vraiment existé » ?
Et bien oui, tout est vrai dans cette histoire peu ordinaire !
Lydie Bernard était la grand-mère de mon mari, elle s’est éteinte en 1984 à l’aube de ses 76 ans…
Lydie et Marius
Au dit « Chemin de la Fin », vous apercevrez la ferme de Lydie et Marius, plantée dans son décor champêtre.
Lydie et Marius reposent désormais dans le cimetière de Clarafond-Arcine.
Photo de mariage Lydie et Marius réalisée devant la ferme familiale à Bange, bien qu’à l’abandon cette bâtisse existe toujours…
Cliquez la photo pour l’agrandir
*Bange est situé au bord du Rhône/commune de Clarafond-Arcine
*Les textes sont l’entière propriété intellectuelle de la rédactrice.
* Les photos estampillées LS&L et les textes sont soumis à des droits d’auteur.