Sous une pluie de feuilles
Sentiers des pas oubliés...
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Photographie*** Louise Fueslin-Rigaud 1844-1936 Genève
Est-il encore nécessaire de présenter le globe de mariée ?
Sans conteste je dirais que oui, car faute d’être par le passé une chineuse expérimentée, je cataloguai cet objet insolite comme étant un globe de curiosités !
Alors, il convient d’apporter quelques lumières aux « fouineurs néophytes », pour une meilleure compréhension de nos coutumes d’autrefois.
Le globe de mariée voit le jour sous le Second Empire (1852/1870), puis gagne en popularité jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
Il s’agit d’une coutume spécifiquement française, se limitant à la sphère catholique.
Au lendemain de ses noces, la jeune épouse dépose sa couronne de fleurs d’oranger*, sous un globe de mariée.
Parmi les éléments exposés dans ces imposants dômes de verre au socle de bois noirci, on retrouve le traditionnel bouquet de la mariée, ainsi que le « bouquet de virginité** » du mari, porté au revers de son costume.
Toutes les décorations imitant les délicates fleurs d’oranger sont élaborées en cire, garantie de longévité ; impossible avec les fleurs fraîches !
Dès 1830, la fabrication française de fleurs artificielles, notamment la fleur d’oranger, contribue à l’essor du globe de mariée.
Objet commémoratif par excellence, le globe de mariée matérialise l’union d’un couple ; surprenant de part son ornementation variée, il n’est aucunement un globe de curiosités !
* La couronne de fleur d’oranger de la mariée symbolise sa virginité
** Voir photo d’Eugène Tribouillard ci-dessous
*** Collection personnelle-veuillez ne pas reproduire
La conception du globe de mariée incombe à l’artisan bijoutier ou à un horloger spécialisé, qui réutilise la cloche de verre servant à protéger les horloges de la poussière.
L’artisan confectionne avec minutie le décor en fonction des souhaits des futurs époux. La marraine/la maman de la mariée offre le globe de mariée, cet achat conséquent, fait partie intégrante du trousseau de la jeune fille.
Le globe de mariée est mis en évidence, sur la cheminée ou sur la commode de la chambre nuptiale…
Au fil des événements marquants, heureux ou malheureux qui jalonnent la vie du couple, mèches de cheveux, chapelets, photos, médailles militaires, reliques, prennent place sous le réceptacle de verre.
Dans le cas d’un remariage suivant une période de veuvage, il est de coutume de remplacer la couronne de fleurs d’oranger par une parure de perles.
Nota bene : Auparavant, la mariée conservait sa couronne dans son emballage d’origine improvisé en coffret ou dans un cadre.
Si le terme de reliquaire s’applique à tout contenant pourvu de reliques saintes, on peut considérer le globe de mariée comme tel, vu que les objets qui y sont présentés, suscitent amour et vénération.
S’agissant d’une coutume propre à la sphère catholique, le terme de reliquaire prend donc tout son sens, car objets profanes et objets à connotation religieuse, symbolisent des pensées intimes, des engagements, des promesses pieuses…
Parce que le globe de mariée retrace l’histoire du couple* qui l’a méticuleusement composé, on peut aussi parler d’album de famille.
Certes, cette définition est imagée, puisque dans la plupart des compositions, seuls des bibelots transposent les événements d’une vie et non des photos. (ou dans de rares cas)
« Il n’est pas dans mes intentions de faire ici l’historique du mariage. Le sujet est d’une ampleur dépassant la prétention de ce petit opuscule. »… Lucie Godin 1987
Cet ouvrage rare dont je possède un exemplaire est répertorié à la Bibliothèque nationale de France : ici
*Attention aux interprétations !
La prudence est de mise lorsqu’on tente d’interpréter les ornements inhérents aux globes de mariées, surtout si des éléments symboliques se mêlent étroitement à des objets purement décoratifs !
Provenant pour la plupart d’achats réalisés auprès de collectionneurs, ces derniers ignorent bien souvent l’histoire des époux qui les avaient constitués.
Le témoignage oral transmis par un aïeul ou une source identifiée, s’avère plus probant.
Certains symboles, sont susceptibles d’être exclusivement rattachés aux membres d’une même famille, ou liés à une tradition locale ou régionale (un symbole peut signifier tout autre chose d’une région à une autre).
Il peut aussi arriver qu’un « élément codifié » soit détourné de sa signification première : une figurine d’ange peut être interprétée comme une naissance, alors que très souvent cette statuette traduit le décès d’un enfant.
Marthe et Edmond 1905
Photographie Auguste Gaillard Marissel/Collection personnelle veuillez ne pas reproduire
Au centre du globe de mariée, la couronne de fleurs d’oranger est fixée sur un coussin de velours (de satin ou de soie) matelassé, nommé « calotte », de couleur rouge, rose, plus rarement bleue. Un vase de porcelaine au col évasé*, accueille le bouquet. De multiples ornements au cuivre clinquant, enguirlandent l’intérieur du globe : motifs végétaux, floraux, colombes, miroirs.
* Signifie la réceptivité aux influences célestes,
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les miroirs jouissent de pouvoirs censés combattre les forces occultes, leurs formes variées, traduisent une riche symbolique. Sept miroirs représentent les sept dons de l’Esprit Saint : Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété et Crainte de Dieu.
La colombe avec à son bec une couronne de laurier signifie paix dans le foyer
Eugène Alire Joseph Tribouillard est né le 29 juillet 1864 à Croissanville (Calvados). En janvier 1894, il est photographe rue Petite Couture 61 à Lisieux (Calvados). Jusqu’en 1920, tous les portraits signés E.Tribouillard ont été réalisés à cette même adresse. Eugène Tribouillard est décédé à Lisieux le 28 mai 1936.
Photo collection personnelle veuillez ne pas reproduire
Dans ce globe de mariée*, couronne et bouquet sont fixés sur leur calotte de velours, une tresse de cheveux repose sur le socle de bois…
D’après l’histoire contée par Madame X… sa grand-mère originaire de Seyssel, se coupa les cheveux au lendemain de ses noces.
Fortement symbolique, cette coutume familiale séculaire, marquait le passage de la jeune fille promise à son statut d’épouse.
Des globes de mariées furent déposés à titre d’ex-voto dans quelques chapelles ou oratoires*de France, par des épouses dont les maris étaient revenus sains et saufs de la Guerre de 1914/1918.
*Collection personnelle
La tradition du globe de mariée n’a plus cours aujourd’hui, cependant avec l’engouement des Français pour les cabinets de curiosités, nous voyons refleurir sur le devant de la scène, maints globes aux interprétations personnelles !
Cet élément déco qualifié de vintage, que l’on retrouve avec un peu de chance sur une brocante, peut alors accueillir vos souvenirs de famille les plus précieux.
Vous trouverez en lien ci-dessous un site sur lequel vous pourrez acheter globes et cloches de qualité artisanale.
Je vous invite à écouter ces mots bouleversants qui relatent l’Histoire de cette sublime cloche en verre, vestige de notre patrimoine…
Si vous avez la chance de croiser la route de cet objet « insolite » symbole d’une vie d’amour, nul doute que vous le regarderez avec d’autres yeux….
Rédaction/Photos/Moine Corinne
Photos anciennes collection personnelle -Veuillez ne pas reproduire-
Symbolique des ornements source « Ex-voto et globes de mariées dans les chapelles et oratoires de la Mayenne » Joël Poujade
*Les textes sont l’entière propriété intellectuelle de la rédactrice.
* Les photos estampillées LS&L et les textes sont soumis à des droits d’auteur.
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